Face à l’augmentation des dépenses de santé (+2.2%, soit 2 843 euros par habitant en 2013), les centres dentaires mutualistes se veulent une alternative moins chère aux praticiens libéraux. On compte près de 450 structures de ce type en France, qui parient sur une maîtrise des coûts salariaux et des achats pour réduire la note du patient.
Dans ces petites unités (en moyenne entre quatre et dix praticiens par structure), version moderne des « magasins » dentaires ou optiques des années 1950/60, on n’héberge et on n’opère pas. Tout ressemble à un cabinet « classique », avec un accueil, une assistante et un dentiste. C’est donc derrière la façade qu’il faut gratter pour trouver comment les 450 centres dentaires mutualistes de France (pour un total de plus de 1 200 centres de santé, regroupant généralistes et spécialistes, dont un tiers gérés par les mutuelles) parviennent à réduire le coût des interventions. « Le personnel est le premier poste de dépense », rappelle d’emblée Jean-Marc Lecomte, directeur de la branche dentaire du Réseau national des centres de santé mutualistes (RNCSM).
Ici, les praticiens sont salariés et les achats sont négociés sur le petit matériel. De quoi permettre à ces centres d’être, « en général, 10% moins chers que le marché » sur les soins, explique-t-on du coté du Réseau.
Les tarifs sont ceux du secteur 1, avec « l’obligation de pratiquer le tiers-payant » sur le régime obligatoire et des dépassements d’honoraires « limités » sur les actes autres que les simples soins. Les centres n’ont toutefois « pas vocation à être low cost », assure Jean-Marc Lecomte, « mais à proposer un excellent rapport qualité/prix ». En 2013, selon les chiffres du baromètre CSA pour Europe Assistance publié fin 2013, un tiers des Français a renoncé aux soins pour raisons financières (+6% sur un an). Près de 3,3 millions de personnes n’avaient pas de complémentaire santé en 2012, soit 500 000 de plus qu’en 2010, selon la Mutualité Française.
Interventions étalées
Les centres dentaires mutualistes se portent malgré tout plutôt bien, avec quelque deux millions de personnes -adhérents ou non- qui poussent chaque année leurs portes, selon les chiffres du RNCSM. Lequel affirme, sans pouvoir l’expliquer, n’avoir vent d’« aucun cas de centre de soins connaissant des problèmes fréquentation. Les carnets de rendez-vous sont souvent pleins un, deux voire trois mois à l’avance ».
Les effets de la crise se sont pourtant bien fait ressentir. « On a des bénéficiaires de la CMU (la couverture maladie universelle, ndlr) mais surtout, on sent qu’il y a plus de classes moyennes qui viennent nous voir », rapporte ainsi Jean-Marc Lecomte. Quant au renoncement, c »est sur la partie prothèses qu’il est le plus perceptible. « On étale les interventions, en se faisant poser deux implants une année et deux la prochaine, poursuit-on du coté du Réseau. Certains qui viennent pour des devis renoncent ensuite. Cette situation ne date pas d’hier, mais elle s’aggrave. »
La concurrence entre les centres et les cabinets libéraux « pèse dans certaines zones », notamment urbaines, sur le coût des soins dentaires dans les environs. Elle est aussi, le plus souvent, sans effet sur les prix, soit que la demande soit très fort, soit que l’offre peu présente, avec des praticiens libéraux qui partent en retraite sans être remplacés. En quel cas les centres se retrouvent seuls. A tel point que, dans certaines zones, « 30% des dentistes en centres mutualistes sont Espagnols », confie-t-on au RNCSM.
A charge à la mutuelle locale de fixer le coût des actes en fonction de sa propre politique tarifaire. Sans en abuser, selon Jean-Marc Lecomte : « Les gens ne comprendraient pas que, localement, nous soyons plus chers que les libéraux ».
Benjamin Hay
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